120 battements par minute

Paris, début des années 90. Depuis près de dix ans, le sida fait des ravages en France, mais l'épidémie est toujours passée sous silence dans une grande partie de la société. Le gouvernement de Mitterrand ne se préoccupe pas de l'éducation sexuelle et le lobby pharmaceutique fait traîner le développement de nouveaux médicaments. Act Up, un groupe d'activistes de personnes concernées, veut attirer l'attention sur ces dysfonctionnements. Il lance des bombes à eau remplies de faux sang sur les murs des instituts de recherche et s'empare des salles de classe de la ville, armé de brochures d'information. Lors des réunions hebdomadaires, la question de savoir jusqu'où les actions peuvent aller fait l'objet d'un débat controversé. Lorsque Nathan, 26 ans, lui-même séronégatif, rejoint Act up, il est immédiatement séduit par la détermination de la communauté. Et il tombe amoureux de Sean, le plus courageux et le plus radical du groupe. Ensemble, ils se battent en première ligne, même lorsque la maladie de Sean s'est déclarée depuis longtemps... Le réalisateur français Robin Campillo ("Eastern Boys", 2015), originaire du Maroc, s'est lui-même engagé pendant des années dans les années 90 auprès d'Act Up (Aids Coalition to Unleash Power). Sur la base de son expérience personnelle, il montre dans "120 BPM" les débats controversés et les actions spectaculaires du groupe - et rend ainsi un hommage cinématographique attendu depuis longtemps à l'activisme européen contre le sida. Mais c'est l'histoire d'amour intime entre Nathan et Sean, qui y est intégrée, qui donne toute sa force révolutionnaire à cette pièce d'époque captivante. A un moment historique où la politique revêt une importance personnelle, voire existentielle, pour les séropositifs, leurs parents et leurs amis, un couple d'amoureux fait face à l'ignorance de la société et à la peur de sa propre mort par une résistance frénétique, un sexe sauvage et une volonté de vivre indomptable. "120 BPM" a été présenté pour la première fois en compétition à Cannes, salué comme un chef-d'œuvre et récompensé par trois des prix les plus importants : le Grand Prix, la Queer Palm et le prix FIPRESCI.